Le Courlis cendré est un oiseau remarquable, à la silhouette impossible à confondre, perchée sur de longues pattes et muni d’un grand bec arqué. Ce limicole, nicheur au sol, est une espèce typique des milieux ouverts et préférentiellement humides. Il fréquente les landes, tourbières, cultures, et prairies gérées de manière extensive.
Depuis les années 1970, le courlis connait un déclin généralisé dans toute l’Europe. La France n’échappe pas à la règle et l’espèce est aujourd’hui classée vulnérable sur la liste rouge nationale et en danger en Auvergne.
Le programme de sauvegarde « Courlis & co » est co-financé par l’Union européenne dans le cadre du Fonds Européen pour le Développement Régional (FEDER).
Courlis cendré, femelle nicheuse © Romain Riols
Les causes du déclin
- Une perte de son habitat
Initialement présent dans les tourbières, les landes tourbeuses, et les prairies inondables des plaines alluviales, le Courlis cendré s’est accommodé au changement de paysages dû à la rapide transformation de ces milieux en prairies humides à partir de la fin du 19è siècle. Leur effectif et localisation ont ainsi augmenté jusqu’au milieu du XXème siècle où cette tendance s’est inversée en raison de l’exploitation de plus en plus intensive de ces habitats et de leur morcellement par les cultures.
- L’évolution des pratiques agricoles
L’évolution du modèle agricole (méthodes culturales plus intensives : enrubannage, ensilage…), couplé au changement climatique, induisent des dates de fauches de plus en plus précoces mettant en péril la nidification des courlis (oeufs écrasés, juvéniles fauchés, etc…). Une fertilisation importante des prairies entraine également une modification de la structure de la végétation avec des graminées plus hautes et plus denses dans lesquelles les poussins se déplacent difficilement. Ces prairies à plus faible diversité floristique présentent également une ressource alimentaire appauvrie.
- La prédation
Malgré un comportement territorial fort et un plumage cryptique le Courlis reste particulièrement vulnérable à la prédation de ses pontes et poussins (corneilles, renards, mustélidés, chats, etc…).
- Le dérangement
Le Courlis est une espèce sensible au dérangement, particulièrement en période de nidification où des perturbations trop fréquentes peuvent conduire à l’abandon du nid par les couples.
La situation Auvergnate
Le Courlis cendré est un nicheur rare en Auvergne. On le retrouve exclusivement dans des milieux agricoles. Une enquête de terrain conduite par la LPO entre 2014 et 2015 faisait état de 70 à 88 couples dans l’ensemble de la région. Les observations et les suivis menées depuis laissent penser que les effectifs sont encore plus faibles aujourd’hui.
Le courlis est principalement présent dans 3 départements de l’ex-région : l’Allier (Sologne bourbonnaise, Limagne et les Vals d’Allier et de Loire), le Puy de Dôme (Limagne) et le Cantal (Planèze de Saint-Flour). Cette répartition très localisée et ces populations relictuelles font du courlis une espèce fortement menacée qui mérite une attention toute particulière.
Courlis cendré © Romain Riols
Un programme de sauvegarde
Dans l’optique d’enrayer ce déclin, la LPO a mis en place un programme de sauvegarde du Courlis cendré visant à améliorer nos connaissances sur cette espèce discrète, mettre en place des actions de protection concrète en collaboration avec les agriculteurs et tester une nouvelle méthode de repérage des nids de courlis via l’utilisation d’un drone équipé d’une caméra thermique. En effet, forte de son expérience concluante avec les drones dans ses campagnes de protection des nichées de busards, la LPO a tenté la même opération sur les courlis. Les tests de repérage à l’aide de caméra conventionnelle n’ont cependant pas donnée de résultats. L’utilisation d’un drone couplé à une caméra thermique a donc été envisagée dans l’optique de faciliter le travail de localisation des nids menant à leur protection. En cas de résultats concluant, la démultiplication de l’action de sauvegarde des oiseaux nicheurs au sol (Vanneau huppé, Œdicnème criard…) pourrait être envisagé sur l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Courlis cendré, juvénile © Romain Riols
Ce programme « test » cible deux territoires emblématique pour le Courlis cendré que sont la Limagne (63) et la Planèze de Saint-Flour (15).
La mission de protection se doit d’être menée en étroite collaboration avec les agriculteurs. En effet, protéger les nichées découvertes, c’est limiter le déclin de ces populations voire augmenter leurs effectifs et c’est avec l’agriculteur que nous devons agir. Lui seul est en mesure de nous autoriser à agir sur sa parcelle. C’est avec lui que nous échangeons pour anticiper la fauche afin de pouvoir protéger et suivre le nid, voire de poser une protection si nécessaire.
Retour en vidéo sur la campagne de protection 2021 avec le test du drone thermique
Le programme de sauvegarde « Courlis & co » est co-financé par l’Union européenne dans le cadre du Fonds Européen pour le Développement Régional (FEDER).